Project Description

NALUPKISRUNGITCHUK – Confiance

Cap au Nord, le soleil hésite à se coucher. Kapvik et Napaktak pagaient sans bruit devant le glacier, en parfait équilibre dans leur kayak de bois de flottage et de peaux de phoques tendues. Napaktak pointe un doigt vers quelques vapeurs d’eau expirées énergiquement dans les reflets rougeoyants. Ils trahissent le passage d’un groupe de baleines franches. Leurs nageoires caudales s’élèvent avec grâce, puis s’immergent, majestueuses et ruisselantes, dans les eaux noires du détroit.

La mer n’a guère plus d’un degré et les mains crispées à la pagaie se font remarquer. Lancinantes, elles s’engourdissent, il est temps de rentrer. Le vent frais et une agitation cocasse sur le rivage attirent les deux jeunes vers la plage. Un renard se fait copieusement houspiller par une horde de sternes arctiques, furieusement décidées à défendre leurs œufs contre le malheureux. Ces récriminations stridentes finissent par agacer la colonie de morses dissimulée derrière les reliefs de la moraine. Ils s’affairent quelque peu en remarquant les kayaks à un jet de pierre, mais très vite s’en retournent à leur somnolence désintéressée. Plus loin, bien après les traces d’ours blancs observées récemment sur la carcasse d’un narval échoué, Kapvik et Napaktak retrouvent avec gourmandise la terre ferme, les baies et les essences parfumées de la toundra avec INUULIK, leur fille restée au campement d’été avec les chiens de traineau.

Le chasseur contemporain sera plus souvent confronté aux vaisseaux naviguant à travers les raccourcis de l’Arctique, qu’aux mammifères marins peuplant jadis les passages du Nord. En traversant son bras de mer, il doit aujourd’hui s’accoutumer de tout, des cuirassés jusqu’aux épaves qui croisent son chemin, avec ce que ces bateaux entraînent sur leur passage comme risques potentiels pour l’environnement fragile de ces latitudes.

Extrait du livre ″DANS LA TRACE DES OURS BLANCS″


Prix sur demande: daniel_rohrbasser@hotmail.com